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propos, il contait que, lors d’une épidémie de petite vérole, il y a quelques années, il avait été appelé dans une grande maison, où une vingtaine de jeunes femmes avaient fait la partie de se faire revacciner.

« Dans tous ces bras, voyez-vous, s’écrie le docteur, il me semblait entrer dans du parchemin ; … mais après les dames, on eut l’idée de faire revacciner les femmes de chambre. Là ce fut autre chose, l’acier pénétrait dans les chairs comme dans une pomme qui jute…, oui, une pomme pleine de suc. »

Mercredi 27 décembre. — Aujourd’hui que mon livre de La fille Élisa est presque terminé, commence à apparaître et à se dessiner vaguement dans mon esprit le roman, avec lequel je rêve de faire mes adieux à l’imagination.

Je voudrais créer deux clowns, deux frères s’aimant comme nous nous sommes aimés, mon frère et moi. Ils auraient mis en commun leur colonne vertébrale, et chercheraient, toute leur vie, un tour impossible, qui serait pour eux, la trouvaille d’un problème de la science. Là-dedans, beaucoup de détails sur l’enfance du plus jeune, et la fraternité du plus âgé, mêlée d’un peu de paternité. L’aîné, la force ; le jeune, la grâce, avec quelque chose d’une nature peuple poétique, qui trouverait son exutoire dans le fantastique, que le clown anglais apporte au tour de force.

Enfin le tour, longtemps irréalisable par des impos-