Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/338

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n’entendait pas, mais qui mordaient sa curiosité.

Enfin, dans un moment où on ne faisait pas attention à lui, il entrait et pénétrait dans la chambre. La jeune fille était couchée toute habillée sur son lit, ne montrant d’un peu découvert que son cou qui était très blanc. Elle avait la tête renversée en arrière, avec un regard flottant entre ses paupières entr’ouvertes, et de la bouche de la jolie fillette sortaient toutes les impuretés, toutes les obscénités, toutes les salauderies imaginables, ainsi que le flot de purin d’un fumier — cela, pendant que pleurait auprès d’elle une vieille tante, en se cachant la figure dans ses mains.

 

Alors Flaubert se met à attaquer — toutefois avec des coups, de très grands coups de chapeau, au talent de l’auteur — se met à attaquer les préfaces, les doctrines, les professions de foi naturalistes de Zola.

Zola répond à peu près ceci :

« Vous, vous avez une petite fortune qui vous a permis de vous affranchir de beaucoup de choses… moi, ma vie, j’ai été obligé de la gagner absolument avec ma plume, moi j’ai été obligé de passer par toutes sortes d’écritures, oui d’écritures méprisables… Eh ! mon Dieu, je me moque comme vous de ce mot naturalisme, et cependant, je le répéterai, parce qu’il faut un baptême aux choses, pour que le public les croie neuves… Voyez-vous, je fais deux parts dans ce que j’écris, il y a mes œuvres, avec