Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/48

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carrée, à la gorge toute menue, est très brune, avec de grands yeux noirs, tout doux, et dont le regard est comme une caresse. Autour d’elle, il y a une petite senteur sauvage, perdue dans un goût d’héliotrope. Aujourd’hui, elle porte une robe rose, et sa longue et gracieuse personne fait un effet charmant dans la verdure foncée des chênes de la forêt, en son marcher lent, en ses accroupissements légers, pour cueillir une fleur… Et la femme est, pour ainsi dire, toute vêtue de chasteté.

Jeudi 22 août. — Un juge de Bar me racontait, ces jours-ci, une perquisition qu’il avait faite à propos d’un vol de bijoux, chez une fille de Pontoise. Un hareng saur était l’unique objet mobilier, qu’il avait trouvé dans la première pièce. Et dans la seconde, il était tombé sur un avoué de la localité, en chemise et en lunettes bleues, qui, ainsi surpris, avait passé tout le temps de la perquisition, assis sur une chaise, le nez dans le mur d’un angle de la pièce.

Lundi 2 septembre. — À tous mes retours, je ne sais quel ennui, quel découragement me saisit, jusqu’au jour où je suis rentré dans le travail. Aujourd’hui, je promène cette tristesse à l’Exposition, sans