Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/60

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non, ajoutant que c’était une pièce très rare, très ancienne, et d’un seul morceau, et qu’il me le laisserait cependant à 1 200 francs. Ma foi, le lendemain, — le maudit vase avec son or, son corail, son cristal de roche m’avait trotté dans la tête, toute la nuit — j’allais trouver mon Chinois, auquel j’offrais de son jade, 800 francs. Et Tien-Paô, après avoir répété un tas de fois, « 80 taels… 80 taels, pas possible… 80 taels, trop bon marché, » me le laissait à la fin. Aujourd’hui la pièce opulente fait, entre deux flambés, le milieu de la cheminée de mon cabinet de l’Extrême-Orient.

Mardi 12 novembre. — Je ne sais quel charme ont les fleurs d’hiver, elles me semblent parées de quelque chose de joliment et délicatement souffreteux. Aujourd’hui se dressait sur la table de Nittis, un énorme bouquet de chrysanthèmes jaunes, mais si peu qu’on les voyait blancs, avec l’extrémité des pétales un rien violacée ; et je regardais ce bouquet, sans pouvoir en détourner les yeux : c’était comme la pâleur d’une chair de petite fille, meurtrie par le froid.

―――― Où m’a-t-on dit, ces jours-ci, que les coups de corde, en Angleterre, se donnaient, à