Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/84

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Vendredi 9 mai. — Les attaques, ça vous embête, mais au fond c’est bon. Ça met dans votre travail, un peu de colère.

―――― Un joli détail de la vie élégante parisienne. Parmi les demoiselles-mannequins, qui, dans les salons de Worth, montrent et promènent sur leurs sveltes corps, les robes de l’illustre couturier, il est une demoiselle, ou plutôt une dame mannequin, dont la spécialité est de représenter la grossesse de la high-life.

Assise seule à l’écart, en le clair-obscur d’un boudoir, elle exhibe aux yeux des visiteuses dans un état intéressant, la toilette appropriée avec le plus de génie à la déformation de l’enfantement.

Mercredi 14 mai. — Chez la princesse, ce soir, Lachaud parlait, en amoureux, de son ancien amour pour Mme Lafarge. Il disait qu’aujourd’hui encore, il avait dans son cabinet un portrait d’elle, au-dessus d’un divan, et que lorsqu’il rentrait fatigué du palais, il faisait une sieste sur ce divan, s’endormant les yeux sur l’image de l’assassine.

Vendredi 16 mai. — Enfin, un jour où je puis me donner la récréation de lire un bouquin pour mon plaisir — récréation rare pour le fabricateur de