Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/131

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À l’église j’ai un certain étonnement, quand mon regard rencontre la figure de Hennequin, le témoin de son adversaire. Sa place n’est pas là, il me semble… Et dans le triste recueillement, je revoyais le cher garçon, avec sa bonne figure, ses yeux limpides d’enfant s’allumant de passion, quand on parlait d’individus ou de choses qu’il n’aimait pas : une nature un peu grosse d’apparence, mais avec des délicatesses, et des tendresses curieuses en dessous, — et un lettré apportant à ses amis des lettres tout son dévouement, et sans réserve et sans restriction aucune.

Et ma pensée allait au grenier, à ce lieu de réunion, ouvert seulement depuis l’année dernière, et dont déjà deux membres tout jeunes, Desprez et Robert Caze, sont morts tragiquement.

Mercredi 31 mars. — Aujourd’hui, dans une visite que me fait le commandant Riffaut, prenant sur la cheminée, la carte que m’avait fait passer avant-hier, Paschal Grousset, il s’écrie en la lisant : « C’est cet affreux communard, n’est-ce pas celui qui était aux Affaires étrangères… Figurez-vous que je suis entré le premier au Ministère du quai d’Orsay… il y avait dans le jardin, en avant de moi, loin comme d’ici au bout de l’appartement, trois ou quatre personnes. Une voix me crie : “Ce sont des communards… c’est Paschal Grousset qui se sauve !” Et en effet, je vois