Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/139

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Daudet sur le lieu du combat, et qui a la tenue d’un témoin de duel, à la fois sérieux et chic.

Il ne veut pas admettre que Drumont soit touché par Meyer, et blague cette idée de se battre sur le terrain de la tribune des courses, avec autorisation du prince de Sagan, et encore plus dans le parc de Saint-Cloud, où on sera dérangé par les promeneurs, ou interrompu par les gardiens. Là-dessus il demande, de concert avec Daudet, un rendez-vous aux témoins de Meyer, pour fixer décidément le terrain du combat, et dresser un procès-verbal, où le corps à corps sera permis, et où les témoins n’interviendront pas.

Et la lettre est écrite, au milieu de plaisanteries de Drumont, montrant un très vrai dédain du danger. En cachetant la lettre, Duruy dit qu’au Bois, aujourd’hui, on lui a demandé, si Drumont était « une épée » ? « Il est mieux que cela, a-t-il répondu, il est un apôtre ! » et voici des gamineries sur le coup de l’apôtre.

Dimanche 25 avril. — Le petit Lavedan qui assiste à tout, a assisté au débarquement de Meyer, au retour de son duel. Tout le boulevard devant les bureaux du Gaulois, était plein de juifs, et, à toute minute des coupés, comme on en voit à la porte de l’église Saint-Augustin, jetaient un israélite sur la chaussée. Enfin, voici Meyer, et tout ce monde se