Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/141

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prisé dans ma vie bien des choses, aux pieds desquelles, je l’ai vu agenouillée, cette humanité-là.

À moins d’être foncièrement un lâche, le duel n’est redoutable que pour l’homme, dont la pensée en est tout à fait éloignée, et qu’une affaire amène, sans préparation, à cette extrémité. Ainsi, dans ce mois, où j’ai vécu dans l’atmosphère du duel Robert Caze, du duel Drumont, je me serais beaucoup mieux battu, que dans d’autres temps.

Dimanche 2 mai. — L’ennui des yeux, avec une bouche qui dit les phrases les plus stupidement admiratives, et avec des mains, — des mains de jolie femme, s’il vous plaît — qui ont des maladresses et des lourdeurs de patte de rustre : c’est à quoi l’on reconnaît chez les femmes de la société, la prétention de paraître aimer l’objet d’art, sans en avoir la moindre connaissance, même la moindre curiosité.

Dimanche 9 mai. — J’ai acheté ces temps-ci une série de dessins japonais, représentant des poissons et des oiseaux, dont je n’ai vu aucun échantillon pareil dans nulle école, comme habileté, comme croquade spirituelle, rendant du premier coup la nature. Il y a là, des études d’oiseaux ressemblant à