Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/173

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blant à un appartement de dentiste pour mâchoires impériales. Un groom à l’apparence d’un petit clergyman, nous introduit dans un salon, aux murs complètement nus, et meublé d’un bureau, de quelques chaises, et sur la cheminée de deux flambeaux à bougies vertes. Il s’agit de l’achat de Renée Mauperin.

Au bout de quelque temps, entrée de Samary de l’Odéon, qui apprend à Céard et à moi, cette nouvelle invraisemblable, que la pièce est achetée 1 800 francs, par la nièce du chargé d’affaires d’Amérique, qui arrive bientôt, — ma foi une fort charmante personne — nous baragouinant qu’après avoir fait gagner beaucoup d’argent aux pauvres, en jouant pour eux, elle veut en gagner beaucoup pour elle, en jouant Renée Mauperin.

Et par un nouveau procédé, le traité est aussitôt imprimé sur une espèce de piano, et l’avocat nous verse l’argent, et nous aide très aimablement à passer nos paletots.

Jeudi 23 décembre. — Presque tous les sculpteurs ont une matérialité d’ouvriers marbriers, et ils vous surprennent, quand on les trouve comme Chapu, se livrant à une petite machinette, qui semble un objet de sucre pour confiseur. C’est ainsi, que nous trouvons Chapu fignolant une Vérité, écrivant, assise sur la margelle d’un puits, sous le médaillon de Flaubert.