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ANNÉE 1887




Samedi 1er janvier. — Dîner chez les de Béhaine, en tête à tête avec le mari, la femme, et leur fils venu de Soissons, où il est en garnison.

Nous causons avec Francis de l’armée, et il me dit qu’il n’y a plus de démissions à cause de la politique : la légitimité ayant été tuée par la mort du comte de Chambord, l’impérialisme par la mort du prince impérial, l’orléanisme par la veulerie des princes d’Orléans. Mais, si elle n’est pas légitimiste, impérialiste, orléaniste, l’armée se fait tous les jours conservatrice dans le recrutement d’une jeunesse écartée du fonctionnarisme et de la magistrature, par les tristes choix faits par la République, et dont elle dote la province. Et Francis croit, que d’ici à très peu de temps, l’armée doit devenir le corps influent de l’État, et avoir la haute main dans le gouvernement.