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d’un peintre à la colle. Nous voilà nous promenant à travers la cuisine intime de la représentation, assistant à la suppression d’une tirade, au raccourcissement d’une jupe, à la fabrication de glaces, si joliment imitées avec de la ouate mi-partie blanche, mi-partie rose.

Enfin la répétition finit dans les bravos, et nous allons boire un verre de malaga chez Foyot, où nous trouvons Porel dînant avec le régisseur du théâtre, Porel brisé de fatigue, et qui répète, en s’étirant les bras et les jambes : « Ah ! que j’ai donc mal aux nerfs ! »

Mardi 15 février. — La vie chez moi est ensommeillée toute la journée, avec une vague et émoussée perception de ce qui se passe autour de moi, et cela dure jusqu’au soir, se fait de sept heures à minuit, un éveil de mon esprit et de mes yeux.

Dîner chez Daudet, et départ avec le ménage pour la première de Numa Roumestan. « J’emporte, dit Daudet, en train de farfouiller dans ses poches de droite et de gauche, j’emporte de très forts cigares et de la morphine… Si je souffre trop… Léon me fera une piqûre… Oui je resterai, toute la soirée, dans le cabinet de Porel, où il y aura de la bière, et je ferai ma salle pour demain. »

En voiture, comme Daudet me dit qu’il a fait mettre à Mounet un col droit, qui lui enlève son aspect de commis voyageur de la répétition, je ne puis