Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/204

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Mercredi 13 avril. — On causait ce soir, rue de Berri, du parler spécial aux gens des clubs : parler ayant quelque chose du parler de l’acteur en scène ; parler, que M. de la Girennerie, je crois, inspectant l’École de Saumur, trouva dans la bouche de tous les jeunes gens, et dont il tâcha de leur faire sentir le ridicule et le mauvais genre.

Jeudi 14 avril. — Chez Noël où je déjeune, j’ai à côté de moi deux enfants, au type juif, presque des bébés, qui causent avec leur précepteur, tout le temps du déjeuner, de l’état comparatif de la dette française avec la dette allemande.

Porel qui a dîné, ce soir, chez Daudet, me prend dans un coin, et me sollicite de faire le scénario de Germinie Lacerteux, mais ce n’est plus le directeur révolutionnaire de l’automne dernier, voulant utiliser pour Germinie, la rapide machination anglaise, en faire une pièce de huit ou dix tableaux, sans entractes, coupée seulement au milieu par une demi-heure de repos, ainsi que dans les concerts ou dans les représentations du Cirque.

Dimanche 17 avril. — Aujourd’hui je ne sais pourquoi, je suis hanté par le souvenir de ma nourrice, cette Lorraine aux cheveux et aux sourcils noirs,