Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/208

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Daudet m’arrache de chez moi et m’emmène dîner chez lui.

Sur un emportement du petit Zézé, il me parle des colères des Daudet, légendaires dans le pays : des colères de son père à propos de rien, et qui, un jour que son frère avait demandé du vinaigre, lui faisait remplir son assiette, et le forçait à l’avaler. Il citait un autre Daudet, dont le dîner était en retard, et qui va faire des reproches à sa cuisinière. Entre un poulet effaré qui jette des pipi plaintifs, à travers ses reproches. Agacé, il lui flanque un coup de pied, qui le jette à demi mort au milieu de la cuisine. Le chat saute sur le poulet ; ce que voyant ledit Daudet, il décroche furieux le fusil du portemanteau de la cheminée, et tue le chat sur le seuil de la porte.

Et faisant un retour sur lui-même, sur la peine qu’il a eue à dompter ses colères, il dit qu’il y a bien certainement en lui, le restant d’une race sarrasine.

Là-dessus, je ne sais comment la conversation saute aux infirmes, et il soutient qu’il y aurait un beau livre à faire avec l’infirme, qui est presque toujours un vicieux, un chauffe-la-couche. Ceci amène des noms, et des anecdotes sur ces noms.

Mardi 10 mai. — Je ne sais qui racontait, au dîner de ce soir, que dernièrement se présentait au conseil de révision, un jeune homme réunissant les