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d’une chatte qui se gave de mou, et un bout de langue remueur dans une rotation pourléchante.

Jeudi 12 février. — Il y a vraiment un grand mouvement de presse autour de la reprise d’Henriette Maréchal, nous verrons ce que ça donnera aux représentations.

Samedi 14 février. — On crie, ce soir, sur les boulevards, la mort de Vallès. Zola affirme, chez Daudet, que le pauvre garçon avait la conscience de son état, le sentiment de sa mort prochaine. Il raconte qu’au Mont-Dore, où il s’est trouvé avec lui, cet été, il lui arrivait souvent au milieu d’une causerie animée, de voir tout à coup l’œil de Vallès, pris d’un petit tournoiement, et devenir fixe, en arrêt devant le vide, en même temps que sa parole se taisait, un moment, avec de l’effroi sur la figure.

C’était terrible, ce regard fixe et ce figement de la vie, dit Zola, qui ajoute : « La mort de Flaubert, le foudroiement, voilà la mort désirable ! »

Dimanche 15 février. — Hier, Mme Daudet se plaignait de la longueur ennuyeuse des beaux sentiments, en vers :

Oui, lui ai-je dit, ce sont des sentiments qui ont douze pieds.