Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/231

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vieilles femmes qui ont la spécialité de ce coup d’ongle.

Jeudi 20 octobre. — Ce soir, me promenant sur le boulevard, indécis sur le restaurant où je dînerai, je tombe sur Scholl, qui m’emmène à la Maison d’Or. Lui aussi, à l’apparence si forte, et si vivant, et si dépensier d’esprit, le voici touché par la maladie et condamné à manger un pain, qui semble à la cosse de bois d’un fruit d’Amérique.

Il m’entretient de sa fatigue, de sa lassitude de corps, que chasse, un moment, son heure d’armes de tous les matins. Et il me dit son bonheur de se coucher maintenant, à deux heures du matin, revenant à ces années de vie commune avec sa danseuse de corde où il se couchait à cinq heures, forcé de s’installer avec elle, après la représentation, chez Riche jusqu’à une heure du matin, puis de déménager avec elle chez Hill, où ils demeuraient jusqu’à trois heures, puis de passer encore une heure dans un bar, en face, où se réunissaient tous les saltimbanques de Paris, l’homme qui marchait sur un doigt de la main, etc., etc., etc. Et enfin, sortant de là, désireux de se coucher, Scholl n’entendait-il pas l’enragée noctambule, une main tendue vers le lointain, s’écrier : « Est-ce que tout là-bas, je ne vois pas encore une petite lumière ? »

Et il termine, en me disant aimablement, que la fré-