Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/272

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qui peuvent amener du monde à l’Exposition de la caricature.

Au quai Malaquais, la première personne sur laquelle je tombe, est Pierre Gavarni, aussi navré et encoléré que je le suis, de l’injustice commise envers le talent de son père, par toute la presse. Et il est obligé de convenir, que je lui avais prédit tout ce qui se passe en ce moment, et que je l’avais prêché violemment, pour faire une exposition de l’œuvre de son père tout seul, et non avec Daumier, parce que je ne doutais pas, qu’avec Daumier, le républicain, on assommât Gavarni le réactionnaire, le corrompu. Mais enfin l’assommement a été au delà de ce que je supposais : l’homme qui a fait les dessins de Vireloque, a été considéré comme un illustrateur pour confiseur. Ah ! la critique d’art du moment !

Oui, tout ce monde, devant ces lithographies avant la lettre, devant cette merveilleuse « Comédie humaine » au crayon, réalisée avec un procédé, à l’heure actuelle complètement perdu, tout ce monde semble avoir une taie sur l’œil. Du reste dans ces expositions, il ne s’agit pas de voir les choses exposées, il s’agit de voir les autres et surtout de se faire voir.

Ce soir, une lune rose, toute diffuse dans un ciel couleur de brouillard de perle : un ciel d’impressions japonaises.

Jeudi 26 avril. — Pendant que je suis en train de