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Samedi 28 février. — Répétition en costumes. L’acte du bal, joué avec la froide solennité d’un divertissement de tragédie. Désaffection de cet acte, et espèce d’horripilement de son esprit, qui dans ces bouches odéonesques, ne me semble plus de l’esprit.

Porel, avec lequel je dîne, ce soir, parle d’un individu excentrique qu’il a connu, un homme à la fois spirite et masseur, et qui l’invitait à son mariage, par ce billet à l’étrange rédaction : « Si mon tailleur ne fait pas la bête, je me marierai samedi ! » Et le samedi, il trouvait son monsieur, donnant le bras à une femme très bien, et de tout neuf vêtu, et orné d’un râtelier resplendissant, qui empêchait un moment Porel de le reconnaître — râtelier que pas plus que son habit, il n’avait payé. Et Porel était instantanément tapé de vingt francs, pour payer la voiture qui avait amené le couple à la mairie.

Dimanche 1er mars. — Aujourd’hui Platel (Ignotus du Figaro) est venu ce matin pour me pourctraiturer. Je l’ai connu, fréquenté à ce qu’il paraît, au moment de nos débuts littéraires, mais il m’était complètement sorti de la mémoire.

C’est un gros garçon, à l’encolure d’un propriétaire foncier vivant sur ses terres, avec un rien de l’air d’un ahuri et d’un mystique. Il fera son article de demain avec des phrases mal entendues, pendant vingt minutes, — mal entendues dans la préoccupa-