Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

soirée de vendredi, il croit à des pièces futures qui feront flamber d’enthousiasme la salle du Théâtre-Libre, et il espère toujours avoir prochainement cette salle qui lui permettra de jouer une centaine d’actes, par an, et faire jaillir des auteurs dramatiques, s’il y en a vraiment en herbe.

Au fond, ce petit homme est l’ouvrier d’une radicale rénovation théâtrale, et si, comme il le disait, elle ne se fait pas chez lui, elle se fera forcément sur les autres scènes, et quelle que soit la fortune de son entreprise théâtrale, il est bien certainement le rajeunisseur du vieux théâtre.

Mardi 23 octobre. — Les retrouvailles bizarres de la vie. Dans le troisième volume de notre Journal (pages 289-290), au milieu du récit de la maladie et de la mort de mon frère, je parle de la rencontre journalière, dans le bois de Boulogne, d’un garçonnet souffreteux, d’un garçonnet ayant la gentillesse d’une fillette, d’un garçonnet, au cache-nez prenant autour de son cou l’aspect d’un châle, et toujours accroché au bras d’un original vieillard.

Aujourd’hui, une femme en deuil dépose chez moi une lettre, avec une photographie du garçonnet du bois de Boulogne, et qu’elle m’envoie, comme une carte de souvenir de l’enfant, dont j’ai tracé un si charmant portrait, me remerciant d’avoir fait revivre l’être bien-aimé.