Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/314

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grâce des femmes du temps, il vous arrive de vouloir retrouver les femmes, auxquelles ils ont appartenu, et de les rêver ces femmes, — le petit objet d’or ou de saxe, caressé des doigts de votre main.

Mercredi 28 novembre. — Un landau vient me prendre à onze heures, je vais chercher les Daudet, et nous nous rendons chez les Charpentier.

Un long temps pour organiser le cortège. Mme Daudet fait la remarque de la parfaite ressemblance des noces des gens riches avec les noces des ouvriers, et comme les gens distingués, dans l’attifement de ce jour, deviennent communs, et comme on croirait que ça doit finir, le soir, par une goguette.

La mariée est toute charmante, sous le blanc argenté de la soie Récamier, sa jupe sans taille tombant avec les plis d’une tunique, et de coquets entrelacements de fleurs d’oranger, lui courant à la hauteur des hanches sur sa robe de dessus. Et ç’a été vraiment un féerique spectacle ; quand la messe finie et la porte de l’église ouverte, un coup de soleil y est entré, et enveloppant la mariée dans la blancheur transparente de son voile, l’a donnée à voir, une seconde, dans la lumière électrique d’un coup de théâtre.

Un joli moment, avant le lunch, que la distribution par la mariée à ses amies, des pétales d’oranger de sa robe : pétales dont le nombre figure les années,