Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

salle se refuse absolument, à ce que mon nom soit prononcé, comme un nom déshonorant la littérature française… et il faut que Dumény attende longtemps, longtemps… et qu’il saisisse une suspension entre les sifflets, pour le jeter ce nom, et le jeter, il faut le dire, comme on jette sa carte à un insulteur.

Je suis resté jusqu’au bout, au fond de la loge, sans donner un signe de faiblesse, mais pensant tristement, que mon frère et moi nous n’étions pas nés sous une heureuse étoile, — étonné, et doucement remué, à la tombée de la toile, par la poignée de main d’un homme, qui m’avait été jusqu’alors hostile, par la brave et réconfortante poignée de main de Bauër.

Les gens perdus dans le brouillard, se retrouvent autour des tables du souper offert par Daudet, sur lesquelles se dressent quatre faisans, au merveilleux plumage, que m’a envoyés la comtesse Greffulhe « à cause de leurs nuances japonaises ».

Tout le monde est gai. On n’a pas le sentiment d’une bataille absolument perdue, et moi j’oublie l’échec de la soirée, devant la satisfaction d’avoir vu finir la pièce.

On soupe, et on soupe longuement, en commentant les incidents de la soirée.

Mariéton qui a payé 25 francs un parterre, a vu payer 90 francs chaque, les deux derniers fauteuils de l’orchestre.

Wolff, qui était derrière le jeune Hugo, et lui frottait amicalement sa canne dans le dos, en lui di-