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Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/334

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de l’imagination, et permettez-moi de vous dire, que si vous avez une grosse tête, vous avez une cervelle comparativement petite à cette tête : cervelle dont nous connaissons les dimensions et la qualité des circonvolutions, par la lecture de vos œuvres d’imagination. Et savez-vous que chez moi, lorsque, le dimanche, par hasard on a lu le Temps, et que vous proposez de remplacer la scène de l’auteur par une scène de votre cru, tout le monde, spontanément, et sans aucun parti pris contre votre personne, trouvait que votre scène était vulgaire, commune, était la scène à ne pas faire.

Et puis, Monsieur, la scène à faire, c’est le renouvellement du secret du théâtre, de cette vieille mystification, si vertement blaguée par Flaubert : ça fait partie du parapharagamus des escamoteurs, c’est le facile moyen d’abîmer une pièce, sans donner la raison valable de son éreintement. Là-dessus, un conseil charitable que je vous donne, Monsieur : ne jouez plus trop de cette rengaine, le bourgeois même, je vous le jure, commence à ne plus couper dans la scène à faire.

Mais là, monsieur Sarcey, où vous n’êtes pas vraiment sincère, où vous ne dites pas la vérité, c’est quand vous déclarez que la pièce est ennuyeuse, horriblement ennuyeuse, sachant très bien, que c’est le moyen élémentaire de tuer une pièce, le moyen inventé par votre syndicat dramatique. La pièce peut être mauvaise d’après vos théories littéraires, mais une pièce où les spectateurs sont près d’en