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Mardi 24 mars. — Ce soir, j’ai passé la soirée à l’Odéon. Tout d’abord Porel me dit : « Oui, en effet, nous faisons 2 200 en moyenne… mais je suis très content, très content. » Il ajoute toutefois, au bout de quelques instants : « Seulement, si dans la semaine de Pâques, la pièce ne remonte pas, il faudra prendre un parti. »

Il y a, dans le théâtre, la mauvaise humeur produite par une pièce qui ne fait pas d’argent, et tout me dit que la pièce est destinée à quitter l’affiche, après une trentaine de représentations. Oui, c’est positif, le public n’aime pas la simplicité de cette prose dramatique, il veut autour des catastrophes de la vie, la langue du boulevard du Crime. Ces drames de la vie, offerts à ses oreilles, avec les paroles de la vie réelle, ça l’étonne, ça change ses habitudes.

Jeudi 26 mars. — Ce soir, Daudet disait : « Si je n’étais pas entièrement pris par mon livre, je trouverais de belles choses à écrire sur la douleur. » Et il parle de l’aspect curieusement méchant des gens, qu’il rencontre à l’hydrothérapie. Là-dessus une discussion entre lui et sa femme, voulant la chère femme que la souffrance nerveuse n’aigrisse pas, n’exaspère pas, ne fasse pas mauvais !

Vendredi 27 mars. — Ce matin, Mme Favart revient avec Verlet, le régisseur de la troupe. Toute pleine