Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/63

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de toute conviction, de tout dévouement, et apportant dans son irrespect une ironie du ruisseau, l’ironie toute personnelle à la race parisienne, à l’homme né à Paris, ce blagueur, pendant que je le voyais dire ses voyouteries, me faisait revenir sous les yeux, la belle composition de Prud’hon, qui représente Cérès dans la recherche de sa fille, changeant en lézard, le jeune Stellion se moquant de l’avidité de la faim de la déesse, en train de courir la Terre et les Enfers : — car c’était curieux, il y avait dans la bouche du blagueur, la même déformation que montre celle de Stellion, dans l’estampe de Copia.

Dimanche 5 juillet. — Aujourd’hui, Hennique parle de sa captivité en Allemagne, d’un séjour de quinze jours dans un cachot, où il couchait avec une couverture sur le sol battu.

Puis Jeanniot nous raconte un long temps, passé à l’hôpital de Metz, où il avait écrit sur un calepin de petites notes, pas en faveur de la guerre.

De là, il saute au siège de Paris, et nous conte cet épisode. On attaque une barricade, sur laquelle une cantinière de la Commune fait le coup de fusil, sans qu’on puisse la toucher. Enfin au bout de quelque temps, un sergent s’applique à la viser, et la jette en bas d’une balle dans la hanche. La barricade prise, il la relève, et la porte lui-même à l’am-