Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/79

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Mardi 22 septembre. — Départ pour Avignon, où l’on doit venir me prendre pour retrouver Daudet chez Parrocel. J’avais craint d’aller de gaîté de cœur au choléra, dans l’état où se trouvent mon estomac et mes entrailles, mais vraiment Mme Daudet et Mme Parrocel m’ont écrit des lettres si affectueuses, que, ma foi, je me risque.

Mercredi 23 septembre. — Réveillé dans la gaîté riante du soleil du Midi, avec le défilé sous les yeux, d’arbres trapus, comme écrasés par le vent, et de maisons aux pierres frustes, qui ont l’apparence de rochers.

Promenade, au coucher du soleil, par de petits chemins, entre deux haies de roseaux détachant leurs lances sur un ciel tout rose, le long de ces hauts paravents contre le mistral, de cyprès à la verdure noire, avec çà et là, dans cette propriété non limitée par des murs, la bâtisse orangée d’un mas, au milieu de pâles oliviers, qui semblent à cette heure, feuillés d’une vapeur violette.

Jeudi 24 septembre. — Une galerie de rez-de-chaussée, aux murs blancs, lignes de filets bleus, et sur le grand panneau de laquelle est peinte par le maître de la maison, une vague Assomption dans des couleurs de Lesueur.

Là dedans, un petit homme au front socratique,