Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/155

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le sourire d’une figure de femme ; à présent on dirait que nos pastellistes en faveur, avec leurs roses d’engelures et leurs violets plombés, ne veulent exprimer que l’éreintement, l’ahurissement, le barbouillage de cœur, enfin tous les malaises physiques et moraux d’une physionomie de femme.

Mercredi 16 avril. — Hier, j’ai été prié de présider le banquet, donné à Chéret par ses sympathiques, à l’occasion de sa décoration. Ils sont vraiment des enfants gâtés ces peintres, ces sculpteurs. Pour boire à la gloire du décoré, il y avait cent vingt littérateurs presque illustres. Et j’ai fait mon premier discours qui n’a pas été long :

« Je bois au premier peintre du mur parisien, à l’inventeur de l’art dans l’affiche. »

L’homme, il faut le dire, est tout à fait charmant. Il a dans l’amabilité, une espèce de bonne amitié calme, tout à fait séduisante.

Jeudi 17 avril. — Sans un constant feuilletage des impressions japonaises, on ne peut vraiment se faire à l’idée, que dans ce pays d’art naturiste, le portrait n’existe pas, et que jamais la ressemblance de la figure n’est reproduite dans sa vérité, et qu’à moins d’être comique ou théâtralement dramatique, la