Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/158

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dans Idées et Sensations, sur le remplacement, comme agents de destruction dans les sociétés modernes, des Barbares par les ouvriers.

À dîner, Léon Daudet qui vient de quitter Drumont, nous dit qu’il se croit empoisonné par les juifs, et que depuis trois jours, où il a bu un verre d’eau dans une réunion électorale, il a été pris de vomissements et que le marquis de Morès est dans le même cas que lui.

Mercredi 30 avril. — On ne croit pas qu’il y aura quelque chose demain, mais il faut toujours tenir compte de l’imprévu… Ce qu’il y a de positif, c’est que le commissaire de police est venu prévenir la princesse de ne pas sortir.

Dans la rue deux blagueurs dont l’un dit à l’autre : « Tu sais, tous ceux qu’on ramassera demain… on leur coupera le prépuce… et on les relâchera ! »

Jeudi 1er mai. — Une journée, où dans le silence plus grand que celui des autres jours, on tend l’oreille à des bruits de fusillade… on n’entend rien… alors la pensée va à Vienne, à Berlin, à Saint-Pétersbourg, à toutes les capitales de l’Europe, où se fait la promenade hostile à la pièce de cent sous.

Du bateau que j’ai pris pour aller à Paris, je vois