Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/171

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j’ai aimé mon frère, on le réenterre toujours un peu dans les enterrements auxquels on assiste, et tout le temps revient en vous cette désespérante interrogation : « Est-ce vraiment la séparation éternelle, éternelle, éternelle ? »

Dimanche 6 juillet. — Ils donnent vraiment à réfléchir, ces nihilistes russes, ces artisans désintéressés du néant, se vouant à toute une vie de misère, de privations, de persécutions pour leur œuvre de mort, — et cela sans l’espoir d’une récompense, ni ici-bas, ni là-haut, mais seulement comme par un instinct et un amour de bête pour la destruction !

Mardi 8 juillet. — Champrosay. Toute la soirée s’est passée dans le racontage, et tour à tour par le père et la mère, du mariage de Léon, follement amoureux de Jeanne Hugo, depuis des années.

Mercredi 9 juillet. — On cause sur la terrasse. Il est question de Hugo, et Mme Lockroy donne des détails sur sa vie à Guernesey.

Hugo se levait au jour, à trois heures du matin, l’été, et travaillait jusqu’à midi. Passé midi, plus