Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portent la bière, quelquefois un flacon sous le nez tenu de la main libre et bien souvent un des porteurs rentre chez lui, atteint de la fièvre jaune.

Mercredi 17 septembre. — Lavoix, revenant de Savoie, nous apprend que les Charmettes avaient été achetées par les cochers de Chambéry et d’Aix, craignant que la propriété ne tombât aux mains d’un propriétaire peu respectueux, qui y apportât des changements, lui enlevât son caractère historique, tandis qu’eux la laissent inhabitée, et telle qu’elle pouvait être au temps des amours de Jean-Jacques.

C’est un précédent. Bientôt dans toute petite localité, la pierre ou le moellon historique qu’on vient voir, sera acheté par un syndicat de cochers conservateurs.

Vendredi 19 septembre. — À propos de l’historique des jetons de l’Académie, et de je ne sais quel académicien qui les toucha tous, le jour de l’exécution de Louis XVI, quelqu’un raconte qu’aux journées de Juin, Villemain qui habitait l’Institut, dans la persuasion d’être tout seul à toucher, avait ouvert et clos la séance, quand Cousin qui venait de traverser les barricades et d’affronter la mort, apparut dans la salle, en s’écriant : « Part à deux ! »