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marquis des xviie et xviiie siècles, puis des marquis aux gros bourgeois du xixe siècle, ils entendent qu’on s’arrête à ce personnage noble de l’heure présente, et qu’on ne descende pas plus bas.

Ils ne se doutent pas, ces gens, qu’il y a cent cinquante ans, au moment où Marivaux publiait le roman de Marianne, on lui disait que les aventures de la noblesse pouvaient seules intéresser le public, et Marivaux était obligé d’écrire une préface, où il proclamait l’intérêt qu’il trouvait, dans ce que l’opinion publique dénommait l’ignoble des aventures bourgeoises, et affirmait que les gens qui étaient un peu philosophes et non dupes des distinctions sociales ne seraient pas fâchés d’apprendre ce qu’était la femme, chez une marchande de toile.

Eh bien, à cent cinquante années de là, il est peut-être permis, à un esprit un peu philosophe, dans le genre de Marivaux, de descendre à une bonne et à une basse prostituée. Et je le dis en dépit de l’interdiction de la Fille Élisa, et du mauvais vouloir du chef du gouvernement pour Germinie Lacerteux, ces deux pièces seront jouées avant vingt ans, tout aussi bien que les pièces à Empereurs, à marquis, à gros bourgeois.

Samedi 14 janvier. — Dans quelle bataille je vis, pendant que Millerand interpelle le ministre Bourgeois à propos de l’interdiction de la Fille Élisa,