Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/249

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s’était introduit un voleur de jardin. Il attribue cette disposition de son esprit à la persistance des lectures romanesques de son enfance.

Cette conversation amène Rosny à parler de ses promenades de nuit, de son noctambulisme, dans les endroits réputés les plus dangereux des fortifications, dans les quartiers mal famés de Londres. Il dit que jamais rien ne lui est arrivé qu’une boxe dans le quartier, où il y a la plus grande agglomération de coquins Londoniens. Il parlait encore assez mal l’anglais et un de ces hommes lui enfonçait d’un coup de poing son chapeau sur les yeux. Il se mettait à boxer, et il avait heureusement affaire à un Anglais, ne sachant pas boxer, ne sachant pas porter un coup droit. Il le jetait cinq fois par terre, et à la cinquième le boxeur ne pouvait se relever, et restait assis dans un rentrant de porte. Et la bataille se passait au milieu d’un cercle de ses pareils, observant une parfaite neutralité, et se reculant et se rangeant pour laisser le champ aux coups de poing.

Mardi 19 mai. — Chez un individu qui a le goût de l’art, ce goût n’est pas limité seulement aux tableaux ; il a le goût d’une porcelaine, d’une reliure, d’une ciselure, de n’importe quoi, qui est de l’art ; j’irai même jusqu’à dire qu’il a le goût de la nuance d’un pantalon, et le monsieur qui se proclame uniquement amateur de tableaux et jouisseur d’art seu-