Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieux ménage. La vieille femme meurt. La comtesse écrit une lettre de condoléances attendries au mari, et elle apprend qu’il a passé la nuit à se promener, sa lettre à la main. Des années se passent. Le vieux bonhomme meurt ces temps-ci. Et la comtesse apprend que, comme remerciement de sa lettre, il lui lègue dans son testament le fameux buste, dont il avait refusé cent mille francs.

Et l’on va faire le tour du petit jardin, du jardin comme au haut d’une fortification, du jardin dominant le Paris de la rive gauche, et terminé par une serre-bibliothèque des livres préférés par Montesquiou, en même temps qu’un petit musée des portraits de leurs auteurs, parmi lesquels mon frère et moi, nous figurons entre Swinburne et Baudelaire : un petit jardin fantastique qui a pour arbres une douzaine de ces chênes et de ces thuyas en pot, que Montesquiou a achetés à l’exposition japonaise, arbres nains qui ont cent cinquante ans, et qui sont de la taille d’un chou-fleur, et sur la cime desquels, on est tenté de passer la caresse de la main, comme sur le dos d’un chat, d’un chien.

Lundi 13 juillet. — Très malheureux les nerveux en leurs amitiés. Dans la préoccupation d’un ami, dans sa mélancolie ils se figurent une baisse de son affection, un refroidissement ; et ce sont à ce sujet, d’absurdes circumvagations de la cervelle, et d’imbéciles imaginations.