Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/280

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argent de poche qui doivent être à ma charge. Ton fils aîné ; mon fils aîné sera l’héritier de tous mes biens présents et à venir. Je t’établirai comme femme. Que je te méprise, que je prenne une autre femme que toi, je te donnerai 20 argenteus. La totalité des biens quelconques qui sont à moi, et que je posséderai, sont en garantie de toutes les paroles ci-dessus, jusqu’à ce que je les accomplisse. Les écrits que m’a faits la femme Tahet, fille de Théos, ma mère, sur moitié de la totalité des biens qui appartiennent à Pchelcons, fils de Pana, t’appartiennent ainsi. Fils, fille, provenant de moi qui voudrait t’inquiéter, te donnera 20 argenteus.

A écrit le scribe des hommes de Thèbes, prêtre d’Ammon Horpueter, fils de Smin.

Et copiant ce papyrus, j’avais comme le sentiment de m’être endormi dans l’escalier, de m’être assoupi dans un endroit public, et de faire un rêve, où la galopade de deux gamins en gros souliers, descendant les marches à cloche-pied, ou la bruyance simiesque d’une jeune négresse en joie, ou la dissertation, pleine de consonnes, d’archéologues tudesques, ou le regard par-dessus mon épaule d’un Égyptien d’aujourd’hui, coiffé du fez classique, ou l’opoponax odorant d’une cocotte, me frôlant de l’envolée du voile de son chapeau, ou enfin les bruits, les parfums, le contact des gens : toutes les émanations modernes de la vie vivante traversaient légèrement mon rêve dans le vieux passé, sans interrompre mon ensommeillement.