Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’appui de ma journée du 13 août dans le Musée Égyptien, je rencontre le dogme de l’immortalité de l’âme et de la résurrection, affirmé par tout le granit et le basalte sculptés de l’Égypte. Seulement les Égyptiens croyaient, professaient, que ce qu’il y avait d’immortellement vivant, dans le corps d’une femme ou d’un homme décédé, entrait dans un être naissant, et que lorsqu’il avait parcouru tous les animaux de la terre, de la mer, de l’air — ce qui durait 3 000 ans, — ce germe immortel rentrait dans un corps humain.

Vendredi 18 septembre. — Jeanne, la jeune mariée, a eu une crise nerveuse, cette nuit, et Daudet qui a passé une partie de la nuit sur pied, a été poursuivi dans son insomnie par l’idée d’une pièce qu’il me conte, ce matin.

Un jeune homme fatigué, lassé de la vie, revient dans son pays, dans la Camargue, avec ses fièvres et ses eaux. Il y retrouve comme garde de marais, un garçon qui a été élevé avec lui, un garçon resté simple paysan, et marié à une femme de sa condition, mais d’une nature délicate, distinguée. Le jeune homme, sans aucun amour pour elle, sans occupation dans sa vie, a l’idée, avec l’assentiment du mari, d’en faire quelque chose, de lui apprendre à lire, de lui donner quelque instruction, et là dans l’éclaircie de son intelligence, il songe à placer la phrase