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dans mon fiacre, il remonte en moi bien des souvenirs tristes, bien des souvenirs de mort.

Oh, ce temple à Thiers, sur le modèle du logis de l’éléphant au Jardin des Plantes, pour cet homme si petit de toute façon, est-ce assez ridiculement énorme !

À trois heures, me voici à la répétition du Théâtre-Libre, aux Menus-Plaisirs. C’est aujourd’hui moins désespérant que l’autre jour, et les remuements de foule qu’on commence à tenter, promettent, il me semble, de grands effets. Le récit de la prise de la Bastille par Mévisto blessé, soutenu par deux hommes, forme un groupe d’un beau dessin. Antoine esquisse le rôle de Boussanel, de manière à faire croire à une création originale. Je reprends confiance.

Sur les six heures, Derembourg qui avait envoyé mon manuscrit à la censure, pour faire jouer aux Menus-Plaisirs la Patrie en danger avec la troupe d’Antoine, si elle a un succès, Derembourg m’apprend, à ma grande surprise, qu’en dépit de ma préface de Germinie Lacerteux, la censure a donné le visa à ma pièce, sans demander la suppression d’une phrase.

Et il est décidé — ça me paraît bien prématuré — que la pièce passera, le mardi 19 mars.

Mardi 12 mars. — La tour Eiffel me fait penser