Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/40

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tricité voulant se battre avec un figurant, et le comte de Valjuzon exaspéré de se trouver mal habillé, et menaçant de quitter le rôle. Et ceux qui ne sont pas prêts à se prendre aux cheveux, jouant comme endormis, comme sous l’influence d’une boisson opiacée. Au milieu de ce désarroi, la petite Varly venant me souffler de ses jolies lèvres dans l’oreille : « Ah ! que je vous plains, Monsieur, d’être interprété comme ça ! »

Puis cette foule de voyous, magnifiquement effrayants sous leurs blouses, dans le moderne de leurs vêtements, en leurs travestissements de pêcheurs de Masaniello, ayant perdu tout caractère, ayant l’air d’une mascarade historique de chienlits de la Révolution. Ah ! si la Providence ne s’en mêle pas, ce sera grotesque la première.

Lundi 18 mars. — Profond découragement avec un fonds de jemenfoutisme, et une attente un peu ironique de ce qui va arriver.

Oui, j’en ai plein le dos du théâtre, et de la fièvre des répétitions et des représentations, et j’aspire à mercredi, où je serai tout entier, au retournement de mon jardin, et à la fabrication de cet amusant livre de pêche à la ligne, dans les brochurettes de la bibliothèque de l’Opéra, qui s’appellera : La Guimard.

Je trouve à cinq heures Daudet plongé dans le Mémorial de Sainte-Hélène, et il m’en raconte le com-