Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/47

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Je tombe dans la fin du second acte, et trouve le jeune Montégut, à l’effet d’imiter la fusillade, tirant des coups de revolver dans le corridor derrière le théâtre, tandis qu’un gros homme à tête de manant du moyen âge, tire, lui, des coups de canon d’une grosse caisse, et que dans le foyer des acteurs, deux figurants tapent sur deux cloches, pour simuler le tocsin. Un moment Montégut a tiré tant de coups de revolver qu’on ne peut plus respirer. C’est vraiment être en pleine cuisine de la chose.

Antoine ne me paraît pas trop moralement déconfit de notre four. Il me dit que s’il avait été le maître, il aurait tenu plus longtemps, et ajoute aimablement que la pièce n’avait pas été peut-être jouée, comme elle aurait dû l’être. À cela je lui réponds que la pièce aurait été miraculeusement jouée, que ça aurait été la même chose, qu’il y a eu une combinaison, un amalgame de l’hostilité contre lui, de l’hostilité contre moi, qu’il n’y avait rien à faire, que la pièce est peut-être relevable ailleurs, ne l’est pas aux Menus-Plaisirs.

Le bruit court que Claretie est dans la salle, et sur cette annonce, tout le monde de déployer ses talents pour se faire engager aux Français ; Antoine, lui-même, moitié pour Claretie, moitié pour moi, est superbe dans le quatrième acte.

Dimanche 24 mars. — Je ne sais dans quel journal, je lisais que ma vie se passait au milieu d’une