Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/56

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Vendredi 19 avril. — Je voulais travailler aujourd’hui, mais les roulades des oiseaux, la nage folle des poissons sortant de leur léthargie de l’hiver, le bruissement des insectes, l’étoilement du gazon par les blanches marguerites, le vernissage des jacinthes, et des anémones par le soleil, le bleu tendre du ciel, la joie de l’air d’un premier jour de printemps… m’ont fait paresseux et habitant de mon jardin, toute la journée.

Dimanche 21 avril. — Je crois décidément que la vie intellectuelle, que le ferraillement journalier de votre intelligence à l’encontre d’autres intelligences, je crois que cela combat et retarde la vieillesse. Je fais cette remarque, en me comparant aux bourgeois de mon âge que je connais. Bien certainement, ils sont plus vieux que moi.

Lundi 22 avril. — J’en suis là maintenant : c’est qu’un livre, comme le second volume de la Correspondance de Flaubert m’amuse plus à lire, qu’un roman, qu’un livre d’imagination.

Mardi 23 avril. — Ah ! c’est un plaisir de trouver