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Cernuschi, qui avait été aujourd’hui à l’exposition de Barye, me parle avec un certain mépris des sculptures du grand sculpteur, surtout au point de vue de la matière, comparée à la matière des bronzes chinois.

Jeudi 27 juin. — Ah ! cette critique d’Hennequin, comme elle n’est pas faite pour un cerveau français, et comme le mot de mon frère, sur Feuillet : Feuillet, le Musset des Familles, m’en apprend plus sur le talent du romancier de l’Impératrice, que quarante-cinq pages de critique scientifico-littéraire.

Samedi 29 juin. — Aujourd’hui, un marchand m’écrit qu’il avait reçu des livres et des objets japonais, et comme je regarde, de deux yeux ennuyés, le très médiocre envoi de l’Empire du Lever du Soleil, le marchand me dit : « Connaissez-vous ça ? » et il ouvre avec une clef un tableau, dont le panneau extérieur montre une église de village dans la neige, et dont le panneau secret, peint par Courbet, pour Khalil-Bey, représente un ventre et un bas-ventre de femme. Devant cette toile que je n’avais jamais vue, je dois faire amende honorable à Courbet : ce ventre c’est beau comme la chair d’un Corrège.