Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/84

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tante, il se demandait quel âge elle pouvait bien avoir, calculait qu’elle avait dix-neuf ans, partait pour Dijon, se rendait à la maison, où il avait fait une visite, une dizaine d’années avant, demandait en mariage la jeune fille, qui lui était accordée.

Et Daudet, se reconnaissant une certaine parenté avec Mistral, déclare qu’il était venu au monde, avec le goût de la campagne, qu’il n’avait point l’appétence de Paris, qu’il n’avait point l’ambition de devenir célèbre, qu’il avait été porté à Paris comme un duvet, et que l’ambition de la célébrité, lui était venue du milieu, dans lequel il était tombé.

En promenade, devant l’épanouissement de Daudet, devant les champs de blé, tout roux, tout dorés, tout brûlés.

— Daudet, lui dis-je, vous aimez la plaine, vous ?

— Oui, me répond-il, la verdure ne me comble pas de joie… Nous les gens du Midi, nous aimons les grillades de toutes sortes, et c’est pour nous une stupeur, quand nous arrivons à tout ce vert qui est dans le Nord.

Jeudi 25 juillet. — Aujourd’hui avec les Ménard-Dorian, Mme Lockroy, le jeune Hugo, dîne à Champrosay, M. Brachet qu’a rencontré Daudet à Lamalou, et de la conversation duquel il est revenu tout à fait toqué.

C’est en effet un causeur supérieur, par la science