Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/87

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À propos de la tournure conventuelle de la vieille bonne qui nous sert, il est question des domestiques, et de la servitude de nous tous, à leur égard. Et Daudet de conter, que Morny avait les entrailles assez faibles, et qu’un tour de main, dans la confection des cataplasmes l’avait assujetti à la femme de chambre d’une maîtresse, et qu’un domestique de Morny pas bête avait épousé la femme, et que, de par elle et son tour de main, il était devenu le maître absolu du Président du Conseil, obtenant tout ce qu’il voulait, en le tenant toujours sous la menace de quitter son service.

Une omelette, un gigot, des haricots se succèdent.

Une allusion fortuite au Panthéon littéraire, à Buchon qui se trouve être l’oncle de Drumont, amène la conversation sur les croisades, la prise de Constantinople, et les mépris d’Anne Comnène, cette Byzantine littéraire et artiste, à l’endroit des gros barons septentrionaux. Et de Constantinople et d’Anne Comnène et des croisades, nous sautons au Père Dulac et aux missionnaires, dont Drumont parle avec un lyrisme religieux, disant que ce sont des hommes, dont toute la virilité est passée dans leur foi. Et il conte, comme un vrai croyant qu’il est, qu’un de ces missionnaires étant mort à bord d’un petit bâtiment chinois, et son corps ne se décomposant pas, les matelots avaient dit à son compagnon : « Mais il était donc vierge ! »

On apporte une salade de tomates très réussie pour des palais blasés, quand Daudet, qui est muet