Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/157

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nirs, seront plutôt des commentaires autour des lettres autographes qu’il possède : lettres très nombreuses, très curieuses, de Veuillot, de Proudhon, de Baudelaire, etc.

Sur Baudelaire, il cite ce mot d’Asselineau, disant qu’à l’hôtel Pimodan, il se couchait sous son lit, pour l’étonner. Et au sujet de Veuillot, il s’étend sur son intimité avec l’écrivain catholique, malgré les divergences d’opinions, et sur le dîner qu’ils faisaient, toutes les semaines, ensemble, déclarant que Veuillot lui pardonnait plutôt de n’avoir pas fait baptiser son fils, que de s’être marié à une huguenote.

Un moment, il me dit gentiment, qu’il y a une chose qu’il regrette dans sa vie, c’est sa caricature sur Villedeuil, s’en excusant près de moi, en disant que c’était un temps, où l’on était « rageur comme des chats-tigres. »

Ce soir, comme on causait de la croyance de Banville aux lutins, dont il cherchait à endormir la malfaisance, avec de petits morceaux de papier vert, la causerie, bientôt après, allait aux apparitions.

Mme Daudet racontait alors, que veillant son fils, menacé d’une fièvre typhoïde, elle avait le sentiment que le monde surnaturel, dont elle se voyait séparée, comme par un cristal ondulé, s’ouvrait et laissait sa grand’mère s’approcher d’elle, — d’elle, qui toute frissonnante, le bras étendu, criait : « Non ! non ! »