Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/193

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tique ! — Parfaitement, lui dis-je, et le possesseur des pendules, mourrait au moment, où toutes les pendules sonnent ensemble minuit, et encore n’aurait-il pas la jouissance de les entendre jusqu’au bout, il mourrait au onzième coup. »

Grand dîner chez Daudet en l’honneur des fiançailles du jeune couple Hugo et Mlle Ménard-Dorian, auquel le maître de la maison dit gracieusement, que le reste des convives n’est, ce soir, que de la figuration.

La petite Dora, que je vois pour la première fois, une délicieuse tête au charme slave, et d’une ressemblance curieuse avec une tête au pastel de Doucet, qui est chez la princesse.

Après dîner, Mme Ménard-Dorian vient s’asseoir dans un fauteuil proche le mien, et nous causons art moderne. C’est chez elle une parole juste, sensée, technique, une parole coupée par des temps, et comme sortant du somnambulisme d’un être. Puis elle me parle du mariage de sa fille, qu’elle me dit se marier à Paris, à l’encontre de l’assertion des journaux, annonçant la célébration du mariage en province, mais un mariage évitant toute publicité.

Mme Ménard-Dorian a un corsage, à bandes diaprées de petites fleurettes de couleur, rappelant le souvenir de ces images de parterre du XVIIIe siècle, et ainsi galamment habillée, avec ses grands yeux ombreux, et le caractère de sa tête d’un autre temps, elle est vraiment originalement belle.