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brochure, la Journée Parlementaire, je trouve à la pièce de très grandes qualités, dont je ne m’étais pas tout à fait rendu compte à la représentation, et je trouve le suicide par contrainte, un acte parfaitement original et très bien fait.

Dimanche 4 mars. — Au Grenier, arrive Rodenbach, auquel on demande, où il en est de sa pièce, et qui dit que Claretie est prêt à la jouer, mais qu’il ne veut pas de sa composition. C’est un hasard, ajoute-t-il, qui lui a fait faire du théâtre, qu’il n’en fera sans doute plus, et qu’alors il aime mieux ne pas être joué, que d’être joué avec une interprétation, qui n’est pas dans ses vues. Claretie lui propose Baretta, et il désirerait avoir Moreno qui, pour lui, donnerait l’illusion d’une figure avec son recul dans le passé.

Ce soir, Schwob apporte, chez Daudet, un volume de Daniel de Foe, qu’il nous traduit, qu’il nous interprète. C’est un traducteur très séduisant, avec son mot à mot trouvant si bien l’expression propre, ses petites hésitations balbutiantes devant un terme archaïque, ou un terme d’argot, avec son intonation à mezza voce qui, au bout de quelque temps, a le charme berçant d’une cantilène. Ce volume, je crois, s’appelle le Capitaine Jack, et c’est l’histoire d’un voleur-enfant, écrite avec un sentiment d’observation moderne, et mille petits détails d’une vie vécue, contés bien certainement à l’auteur, enfin avec toute la