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Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/213

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exsangue, était pareille à une figure de cire, et dont le bas du corps semblait une bouillie, sur laquelle se répandaient ses entrailles.

Vendredi 16 mars. — Première visite de mon troisième Esculape, du docteur Millard qui a une bonne figure réconfortante, et qui écrit une ordonnance, avec des rires prometteurs de santé.

Dîner, ce soir chez Charpentier, avec les Zola, les Daudet, les Frantz Jourdain, Lemaître, Degas.

Degas n’a pas vieilli d’un cheveu, au contraire il est engraissé, et a pris le teint fleuri du succès. À une allusion sur la vente de ces jours, il laisse échapper un petit mouvement nerveux, et d’une voix rêche, dit que les amateurs sont des brocanteurs en chambre, dissimulant mal son effroi des ventes, où le haut chiffre où sont cotés ses tableaux aujourd’hui, peut faiblir demain.

Un moment je cause avec Zola, l’interrogeant sur sa maladie, qu’il me dit se porter sur les entrailles, et chose curieuse, amener chez lui des crises, aussitôt qu’il se met à travailler, et même à lire.

Dimanche 25 mars. — J’ai la visite de Tabarant qui m’a dédié l’Aube, et qui habite Conflans. Il nous apprend qu’il est voisin de Carlier, l’ancien préfet de