Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/239

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mais nommé député, il lui faut une sociétaire ou au moins une pensionnaire de la rue de Richelieu.

Jeudi 24 mai. — Chez Charpentier, pour le départ de l’Italie d’Hier, puis à l’Exposition de Carpeaux.

Oh les admirables bustes de Gérome, de Giraud, de maître Beauvois, ce Vitellius de la basoche. Non, sauf chez les Grecs, je ne connais pas de bustes pareils : oui des bustes supérieurs à ceux de Houdon, au fond d’un faire un peu sec et rétréci, oui des bustes aucun sculpteur n’a mis comme lui, dans le marbre, le bronze, la terre cuite, la vie grasse de la chair. Et ces bustes de femmes, où dans la force et la puissance de l’exécution — ce qui n’arrive jamais chez les sculpteurs, qui font joli — il y a la délicatesse de construction, la finesse des arêtes, la mignonnesse des traits, et pour ainsi dire, la spiritualité matérielle de la créature féminine.

Le beau buste que le buste coquet et hautain de la duchesse de Mouchy, avec son élégant mouvement de bras, remontant un pan de manteau sur sa poitrine ; le gracieux buste du profil de Mme Demarsay ; le voluptueux buste de Fiocre, à la frimousse mutine dans sa jolie minceur, et dont la fleur de l’entre-deux des seins a quelque chose de l’amoroso de tout le buste, — n’a pas l’air d’une fleur dans un pot, ainsi que la plupart des fleurs, placées là.

Dans ces bustes, de l’exécution toute franche,