Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/241

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lendemain. Il laisse percer le désir de retourner en Orient, au Japon, me peignant le soulèvement de cœur qu’il a, en entrant dans une gare d’Europe devant les affiches Bobœuf, etc.

Il cause médecine, dit qu’en France un médecin est obligé de faire de la clientèle pour vivre, tandis qu’en Allemagne, le médecin a un traitement qui lui permet de rester à son laboratoire, et laisse un professeur de pathologie tout à ses dissections et à ses travaux micrographiques. Et dans un séjour qu’il a fait à Francfort, il accompagnait, presque journellement, ledit professeur de pathologie, à une dissection particulière. Or — c’est curieux et personnel à la race hébraïque — l’autopsie avait lieu le plus souvent chez un banquier, chez un riche juif de l’endroit, dont les enfants voulaient préserver leur avenir, des maladies de leur père. Et l’autopsie faite, le professeur lisait aux hommes de la famille assemblés, ses notes qui leur disaient : « Attention à tel organe ! »

Mercredi 30 mai. — Dîner, rue de Berri, avec la comtesse de Montebello, l’ambassadrice de France à Saint-Pétersbourg, une femme à la joliesse, que rend piquante un grain de beauté, en haut d’une pommette. Spirituellement causante, elle décrit les grandes fêtes de la cour, les Fêtes des Palmiers, où dans un souper de mille personnes, chaque table