Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/267

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travestissement chez l’écrivain, dont la vie est un perpétuel carnaval, avec sa chambre bretonne, où il s’habille en Breton, avec sa chambre turque, où il s’habille en Turc, avec sa chambre japonaise, où il s’habille en Japonais.

Pour ce repas, il avait fait venir un cuisinier de Paris, et tous les jours, pendant un mois, à l’effet de le faire rétrograder dans la cuisine, d’il y a quatre siècles, il lui avait fait cuisiner un plat, d’après le Viandier de Taillevent. À ce repas, on devait parler le vieux français, des Contes Drolatiques de Balzac, à défaut de l’autre, et on mangea avec ses doigts, sur des assiettes faites d’une miche de pain, coupée par moitié. Deux choses, dans cette restauration de la mangeaille archaïque, empoisonnèrent le bonheur de l’amphitryon : le speech de Mme Adam, qui ne fut pas dans le français demandé, et une malheureuse invitée, qui commit l’anachronisme de dîner, dans une cotte de peluche.

Enfin la couleur locale fut poussée à ce point, qu’un fou armé de sa marotte, sortit, à un moment, d’un pâté, et qu’à la fin, on jeta les assiettes du repas à d’authentiques mendiants de la Charente-Inférieure, que Loti avait fait costumer, en mendiants du XVe siècle.

Vendredi 12 octobre. — Cette mode de la femme, de n’avoir plus autour de la figure, le liséré blanc du