Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/295

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et donné si gentiment, ainsi que je l’ai déjà raconté dans mon Journal. Une fois la princesse m’avait dit, connaissant toute mon admiration pour Gavarni : « Vous savez, Goncourt, les dessins de La Mode, je vous les laisse dans mon testament. » Eh bien ! le matin du déjeuner, elle arrivait, l’album dans les bras, et me le mettait dans les mains, avec cette phrase : « Décidément, je me porte trop bien, je vous ferais trop attendre ! »

Maintenant dans cette pièce, comme dans l’autre, les deux fenêtres, en leurs rentrants, forment de petits cabinets d’exposition, en pleine lumière.

L’un est tout rempli d’aquarelles de mon frère, exécutées en 1849, 1850, 1851, pendant nos années vagabondantes.

Voici, une vue de la curieuse maison, en bois sculpté, de Mâcon, voici, une vue à la porte Bab-Azoum d’Alger, avec son ciel de lapis ; voici, une vue du matin au bord de la mer, à Sainte-Adresse ; voici, une vue de Bruges, qui ressemble bien à un Bonington ; voici enfin une vue de la sale et pourrie rue de la Vieille-Lanterne, que mon frère a été prendre, le lendemain du jour, où Gérard de Nerval s’était pendu, au troisième barreau de cette grille d’une sorte d’égout.

L’autre fenêtre a un panneau couvert de trois impressions japonaises.

La première d’Outamaro, donne à voir Yama Ouwa, cette sorte de Geneviève de Brabant hirsute, allaitant dans la forêt son jeune nourrisson, au teint