Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/313

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Lundi 21 janvier. — Oh, la jeunesse des lettres ! je la trouve bien pressée de jouir du succès, bien avide d’argent, bien incapable de travailler de longs mois, dans la retraite, le silence, la maigre rétribution de son labeur : ce qu’a fait notre génération. J’ai bien peur, que les rares fabricateurs de livres de ce jeune monde, soient mangés par le journalisme : où se payent de gros dividendes, avec le tintamarre de la gloire.

Samedi 26 janvier. — M. Maurice Talmeyr, dans un éreintement de mon Journal, m’accuse de travailler à faire oublier la place, que mon frère a dans notre œuvre. C’est juste au moment, où je viens d’obtenir, avec une certaine peine, qu’une rue de Nancy, devant s’appeler : Rue Edmond de Goncourt s’appelle Rue des Goncourt.

Jeudi 31 janvier. — À la fin de la soirée, arrive Helleu, qui a passé toute la journée à peindre par ce froid, les statues de Versailles, à demi ensevelies sous la neige, parlant de la beauté de spectacle et du caractère de ce monde polaire. Et sur la passion de la peinture de Bracquemond fils, d’après des vitraux, il me confesse avoir ce goût, et avoir travaillé à Char-