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À dîner, conversation sur le bonheur, que tous les convives déclarent d’une voix unanime, ne pas exister, et Zola, qui là-dessus, est plus affirmatif que nous tous, tombe, le soir, dans une tristesse noire, qui le fait muet.

Lundi 25 mars. — Reprise de l’influenza. Avec le mal de tête, et la lassitude douloureuse de cette maladie particulière, il me faut du courage, pour travailler, tout l’après-midi, avec Hayashi, et arriver, à nous deux, à la traduction laborieuse de ces préfaces japonaises d’Hokousaï, si difficilement transportables dans notre langue.

Oh ! les turgescences du front jaune d’Hayashi, dans l’enfantement de cette traduction, et les hâhâ, dont il scande la lecture du texte, pour s’entraîner au français, et sa tête amusamment crispée, sur un fond de porte en blanc, où sont découpés de petits guerriers en bois jaunâtre, provenant d’armoires de bonzeries, et qui semblent des bonshommes de pain d’épice, héroïquement farouches.

Mercredi 3 avril. — Visite de Zilken, l’aqua-fortiste hollandais, venu à Paris pour faire une pointe sèche de ma tête.

Il me parle d’un article fait sur moi, par un litté-